Des ingrédients santé marins naturels pourraient prévenir le déclin de la mémoire et la perte d’autonomie au cours du vieillissement. C’est ce que suggère une étude rapportant l’effet bénéfique d’un hydrolysat marin obtenu à partir de têtes de sardines, grâce à une double approche in vitro, sur culture cellulaire, et in vivo, sur un modèle préclinique.
Le vieillissement s’accompagne d’un déclin global des performances cognitives qui se manifeste par des troubles de la mémoire et de la vigilance, pouvant conduire à une perte de la qualité de vie et d’autonomie. Préserver la qualité de vie en favorisant le maintien d’un état cognitif satisfaisant chez les personnes âgées constitue donc un enjeu socio-économique primordial. Dans ce contexte, la nutrition fait partie des pistes innovantes de recherche pour prévenir le déclin cognitif lié à l’âge car il s’agit d’un facteur modulable tout au long de la vie des populations. A ce titre, des chercheurs INRAE ont exploré l’effet d’un hydrolysat marin obtenu à partir de têtes de sardines, grâce à une double approche : in vitrosur culture cellulaire et in vivo sur un modèle préclinique.
Qu’est-ce qui a mis nos chercheurs sur la voie des têtes de sardine ? C’est un coproduit marin peu valorisé actuellement qui contient des omégas-3 et des protéines en grande quantité ! Dans notre alimentation, les oméga-3 à chaîne longue suscitent un grand intérêt en raison de leurs propriétés anti-inflammatoires ; une inflammation chronique à bas bruit étant impliquée dans les altérations cognitives liées à l’âge. Aussi, la richesse en protéines des coproduits de sardines font de ces derniers des candidats d’intérêt pour obtenir par voie enzymatique des peptides bioactifs aux propriétés anti-inflammatoires et anti-stress. Compte-tenu des effets individuels des oméga-3 et des peptides bioactifs, les combiner permet de maximiser leur impact.
Les scientifiques ont travaillé sur un hydrolysat marin contenant des omégas-3 et des peptides bioactifs, obtenu à partir de coproduits de têtes de sardines, par des procédés écoresponsables, doux, sans solvant. Les chercheurs ont démontré, chez la souris, les effets bénéfiques de cet hydrolysat marin sur la mémoire, la réponse au stress et l’inflammation cérébrale au cours du vieillissement, et déterminé les mécanismes impliqués. Le procédé d’obtention de l’hydrolysat marin ainsi que ses effets sur la santé ont fait l’objet d’un dépôt de brevet.
Ainsi, les omégas-3 et les peptides bioactifs représentent une stratégie potentiellement intéressante pour prévenir le déclin cognitif lié à l’âge. Ces résultats sont à confirmer chez l’humain dans le cadre d’une étude clinique. Les chercheurs ont ainsi prévu d’évaluer, en 2021, l’efficacité d’une supplémentation nutritionnelle avec ces composés pendant 3 mois sur l’évolution de la mémoire dans une cohorte de 50 personnes âgées (60-73 ans) en bonne santé globale présentant un déclin cognitif supérieur à la normale mais non pathologique.
Références :
Chataigner M, Martin M, Lucas C, Pallet V, Layé S, Mehaignerie A, Bouvret E, Dinel AL, Joffre C. (2021). Fish Hydrolysate Supplementation Containing n‐3 Long Chain Polyunsaturated Fatty Acids and Peptides Prevents LPS‐Induced Neuroinflammation. Nutrients 13, 824.
Chataigner M, Mortessagne P, Lucas C, Pallet V, Layé S, Mehaignerie A, Bouvret E, Dinel AL, Joffre C. (2020). Dietary fish hydrolysate supplementation containing n-3 LC-PUFAs and peptides prevents short-term memory and stress response deficits in aged mice. Brain Behav Immun. 1591(20)30743-1. doi: 10.1016/j.bbi.2020.09.022.
Joffre C, Dinel AL, Chataigner M, Pallet V, Layé S. (2020). n-3 Polyunsaturated Fatty Acids and Their Derivates Reduce Neuroinflammation during Aging. Nutrients. 12(3):647. doi: 10.3390/nu12030647.